ressources / developpement-organisationnel

Tendance : le développement durable bouleversera le monde du travail

Le développement durable est la tendance de l’heure. Toutefois, peu d’entreprises réalisent l’ampleur de la « révolution verte » qui s’annonce, même si elle entraînera des changements bien plus étendus que la venue des TI ou la mondialisation, et cela, dans tous les aspects de la vie humaine, y compris dans le monde du travail.

15 octobre 2008
Cybèle Rioux, CRHA

Heureusement, le développement durable a de nombreux avantages pour l’entreprise, et la fibre écologique peut s’avérer une source de motivation prodigieuse pour les employés. De là son importance dans l’attraction et la fidélisation du personnel, à condition de savoir comment l’utiliser.

Contexte

Actuellement, à part quelques entreprises innovatrices, la plupart des organisations se contentent de récupérer le mouvement pour l’aspect marketing ou de combattre la tendance… On est loin de l’engagement authentique attendu par les employés.

Si l’enjeu du développement durable est encore assez récent et encore mal compris, on décèle maintenant un virage majeur et durable dans les mentalités. Recyclage, sacs réutilisables ou café équitable, considérés comme des bizarreries il y a peu de temps, sont maintenant largement adoptés par le grand public.

On doit aussi considérer que les coûts annoncés du réchauffement climatique et de la pollution commencent à justifier des actions de plus en plus musclées des gouvernements. L’Europe agit sur de multiples fronts depuis maintenant plusieurs années, et même les candidats à la présidence des États-Unis (2008) s’entendent sur l’importance d’une lutte énergique au réchauffement planétaire.

Plus près de chez nous, de nombreux clients et employés demandent des comptes à l’entreprise, et cette tendance n’est que la pointe de l’iceberg. Par exemple, les candidats scrutent de plus en plus les performances sociales et environnementales des entreprises qui les intéressent. À tel point que blogues et moteurs de recherche (ex. Google) sont maintenant des outils courants de la recherche d’emploi!

Mobilisation

Que faire? Un peu comme pour tout grand changement, les entreprises qui intégreront le plus rapidement le nouveau paradigme auront l’avantage. Le virage vert? Il faut le prendre dans toute l’entreprise, pas juste aux services du contentieux ou du marketing…

Sans surprise, c’est la direction qui doit amorcer le mouvement. Sans engagement sincère des propriétaires et dirigeants, les efforts seront inutiles ou perçus de façon négative. De plus, si les gens pardonnent un certain cynisme sur le plan politique ou économique, ils sont beaucoup plus sévères en ce qui concerne l’environnement. Après tout, c’est un sujet qui fait presque l’unanimité et qui touche toute la planète. Un peu comme pour la religion, on dépasse ici le cadre du rationnel « local » pour tomber dans celui de l’émotif « planétaire ».

C’est ici que réside le grand pouvoir du développement durable comme agent mobilisateur. À partir du moment où la direction présente une vision cohérente et honnête, le pouvoir porteur de ce genre de projet est immense. En effet, la plupart des gens y adhèrent parce qu’ils ont l’impression de faire quelque chose de grand, quelque chose de concret pour rendre le monde meilleur…

Canaliser l’énergie

Comment canaliser cette énergie afin de mieux propulser l’entreprise? Les principes de base sont, comme ailleurs, l’engagement de la direction, la simplicité et l’adhésion des employés.

Toutefois, sur le terrain, le test ultime pour en faire un outil d’attraction et de mobilisation est celui de la nature humaine : quel est l’avantage immédiat que l’employé « moyen » en perçoit? Cet avantage peut être la fierté de faire partie d’une organisation verte, ou encore le partage d’un pourcentage des économies réalisées. Ce sera à l’entreprise d’évaluer honnêtement ce que sa culture organisationnelle peut favoriser.

Heureusement, les projets de développement durable pouvant prendre une multitude de formes, le plus facile est souvent de commencer par des thèmes en accord avec les convictions réelles de la direction.

Des exemples

Si l’aspect économique est celui qui importe le plus pour la direction, un programme d’économie de carburant ou de réduction des coûts de chauffage sera gagnant. À condition que les employés comprennent bien son fonctionnement et soient convaincus de l’impact positif qu’il aura pour eux. Par la suite, il suffira d’évaluer et de bien communiquer les résultats écologiques auprès des employés et parfois des clients.

Mais attention, cette communication doit demeurer modeste, sinon l’entreprise sera soupçonnée de ne le faire que pour paraître verte! Cette récupération de l’écologie pour le marketing est d’ailleurs devenue tellement courante qu’elle porte maintenant le nom de mascarade écologique (green washing) et commence à être vivement dénoncée aux États-Unis.

Des exemples de projets simples? Remplacer les verres en styromousse par des tasses. Instaurer la consigne de fermer l’éclairage à la sortie des bureaux. Former les chauffeurs pour qu’ils éteignent leur moteur quand le véhicule est arrêté. Vous avez un peu de budget? Faites installer des robinets et toilettes à débit réduit et des bacs de recyclage.

Les projets peuvent ainsi toucher une multitude d’aspects, l’important étant d’impliquer les employés pour qu’ils y adhèrent, le plus souvent en leur demandant de trouver eux-mêmes des solutions qui leur ressemblent.

Impacts

Le but ultime est de développer l’entreprise dans le respect de son environnement physique et social. L’impact de ces efforts sera doublement positif : autant les gens en place seront fiers de travailler pour cette entreprise reconnue pour ses saines pratiques, autant les candidats voudront la connaître.

Et, pour certains, c’est avec cette vision qu’ils pourront le mieux aider l’entreprise à surmonter les importants changements écologiques qui sont à nos portes. Parce que ces employés auront à la fois la motivation et la compréhension des enjeux, ce qu’on appellera peut-être un jour « l’intelligence environnementale ».

Cybèle Rioux, CRHA, est présidente d’Alizé ressources humaines, une firme de services en gestion des ressources humaines destinés aux PME. Elle a présenté plusieurs formations sur l’embauche, sur la fidélisation et sur d‘autres thèmes et s’intéresse à la question environnementale depuis plusieurs années. Les coordonnées pour la joindre sont : 450 966-0731 et crioux@alizerh.com.


Cybèle Rioux, CRHA Conseillère RH Alizé ressources humaines

Cybèle Rioux, CRHA, compte près de 20 ans d’expérience en gestion et développement des ressources humaines. Après avoir œuvré dans une PME du domaine des technologies, elle a fondé Alizé ressources humaines en 2002 afin d'offrir des services d’accompagnement et de formation. Titulaire d'un certificat et formatrice agréée, elle a également réalisé plus de 1700 heures de formation. Résidente de Mascouche, elle est impliquée bénévolement dans plusieurs projets et organisations du domaine de la culture et du milieu des affaires. Elle participe à des groupes de discussion similaires depuis plus de dix ans.