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Les « Z » : différents ou indifférents?

« Peut-être le décalage entre les générations est-il beaucoup plus dans la forme que dans le fond. » Marcel Aymé, écrivain français, 1902-1967

20 avril 2015
France Lefebvre, CRHA

Ils sont nés après 1995. On les appelle aussi les « C » pour Communication, Collaboration, Connexion et Créativité. C’est la cyber-génération. Ils sont nés avec Internet et ne peuvent concevoir la vie sans GPS, téléphones intelligents, médias sociaux. Ils sont présentement à l’université et certains commencent à arriver dans les entreprises.

On leur prête des comportements qu’on pourrait qualifier d’égocentriques. Serait-on aux prises avec des idées préconçues qui mériteraient d’être revues?

Dans le cadre d’un projet de formation, on a questionné les intervenants qui s’occupent des stages étudiants dans une université québécoise à propos de la génération Z. Par la suite, on a demandé à des Z de la même université d’évaluer comment ils se percevaient par rapport aux mêmes critères. Voici ce qu’ils ont dit...

CRITÈRES   PERCEPTIONS DES NON-Z À L’ÉGARD DES Z SELON LES Z
Valeur   Plaisir   Réalisme
Le travail   Un moyen de se payer de belles affaires Une aventure stimulante
Place du travail   Doit s’adapter à la vie personnelle Équilibre
Récompenses   Travail sur mesure   Travail significatif
Rétroaction    Désirent en recevoir et aussi en donner   Oui, j’en veux!
Rapport à l’autorité   Indifférents   Respectueux

Leurs valeurs
Vus comme étant orientés vers le plaisir, les loisirs et la satisfaction personnelle par les non-Z, les Z identifient cependant le réalisme comme étant leur principale valeur.

Selon les non-Z, avec les membres de la génération Z, on ne parlerait plus d’équilibre travail-vie personnelle, mais bien d’adaptation du travail à leur vie personnelle. Pour leur part, les Z se voient plutôt en quête d’équilibre, tout comme les Y et les X d’ailleurs.

Leur relation au travail
Les non-Z perçoivent que, pour les Z, le travail a principalement une fonction utilitaire, soit de leur permettre de se procurer ce qui les intéresse. On les perçoit comme indifférents à l’autorité et prêts à partir dès que le travail devient moins intéressant.

Les Z, eux, envisagent leur relation au travail d’une façon bien différente. Ils voient le travail comme une aventure stimulante et sont intéressés par un travail qui a un sens. Leur relation à l’autorité est définie comme respectueuse, ce qui les rapproche de la génération des baby-boomers.

Que faire pour attirer les Z et les fidéliser?

  1. Leur proposer des projets diversifiés, en plus de leurs tâches courantes. Ça les motive, car ils sentent qu’on les implique, qu’on leur fait confiance. Si possible, les laisser réaliser ces projets à leur façon.
  2. Ils sont à l’aise avec les méthodes Agile dont un des principes est de donner l'environnement et le soutien dont l’équipe a besoin et de lui faire confiance quant au respect des objectifs. C’est tout à fait dans la pensée des Z : « Laissez-moi faire ».
  3. Oublier le respect dû à la hiérarchie, au titre. Les médias sociaux les ont habitués à échanger d’égal à égal avec tout le monde. Leur donner plutôt des gestionnaires-coachs compétents, forts en communication, ouverts d’esprit, qui vont leur donner une rétroaction régulière.
  4. Devenir un pro des conversations inspirantes. Élevés par des parents qui les ont impliqués dans les décisions familiales, ils veulent donner leurs idées, participer aux discussions. Utiliser le World Café pour favoriser les échanges.
  5. Ne pas s’indigner s’ils donnent de l’information par texto. C’est comme ça qu’ils communiquent. Si ça ne convient pas, il faut clarifier ses attentes et expliquer pourquoi.
  6. Mettre à leur disposition des équipements à la fine pointe de la technologie!

Différents ou indifférents ces Z?
Et si la réponse était : pas si différents et pas si indifférents? Ce que les Z ont dit, c’est qu’ils sont intéressés par un travail significatif où ils pourront mettre à profit leur créativité dans des projets diversifiés et stimulants. Ils veulent être consultés et impliqués.

Quelque soit la génération à laquelle on appartient, on peut d’ailleurs se reconnaître dans cet énoncé...

Classer les gens dans des cases en fonction de leur âge peut être utile pour comprendre certaines grandes tendances sociétales. Il faut toutefois garder à l’esprit que l’être humain est complexe et unique. Les inventions, les nouvelles technologies, l’environnement politique et économique apportent des changements qui ont des répercussions sur chaque génération. L’éducation et la culture ont aussi un grand impact sur chaque personne. S’arrêter à la définition d’une génération, c’est généraliser et se limiter. Attention donc aux idées préconçues. Gardons un esprit ouvert et rappelons-nous ce qu’a dit Socrate, philosophe grec, en 470-399 av. J.-C. : « Notre jeunesse (…) est mal élevée. Elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui (…) ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce. Ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler… »


À propos de l’auteure
France Lefebvre, CRHA est présidente de Fortuna Groupe Conseil inc. Consultante, formatrice et conférencière, elle œuvre notamment dans le développement des compétences des gestionnaires et dans l’amélioration des relations interpersonnelles en entreprise.  Elle peut être jointe par téléphone [514 573-4383] ou par courriel [France.lefebvre@fortunagroupeconseil.com]. Site web : www.fortunagroupeconseil.com


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