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Et pourquoi ne pas investir dans le bien-être de nos employés?

Psychologiquement, nombre de nos employés sont mal en point et les organisations en souffrent… C’est un sujet de plus en plus préoccupant pour les gestionnaires et les dirigeants d’entreprise, car c’est souvent le travail qui en est la cause.

5 mai 2010
Alain Desgagné, CRHA

Nous savons que le travail peut générer du stress et d’autres troubles de la santé psychologique. En forte croissance, la maladie mentale – épuisement professionnel, dépression, troubles anxieux, détresse psychologique – est d’ailleurs en voie de devenir l’une des principales causes de l’incapacité au travail. Les conséquences pour les travailleurs sont graves et parfois tragiques, car la souffrance psychologique peut les mener jusqu’au suicide.

Pour les entreprises, les problèmes de santé mentale ont également des répercussions importantes : absentéisme, rotation du personnel, baisse de motivation et de productivité, tensions et conflits, coûts des régimes d’assurance…

Mais à quoi est-ce dû?
Le stress est fréquemment pointé du doigt. Comme l’a dit le Dr Töres Theorell, professeur émérite en médecine psychosociale et environnementale à l’Institut Karolinska, lors du colloque de la santé mentale au travail qui a eu lieu le 18 septembre 2009 à Montréal, « les entreprises se réorganisent, elles poussent leurs employés à produire davantage et créent une surcharge de travail. En proie au stress, ces employés perdent confiance en leurs moyens et finissent par craquer et souffrir de dépression ou d’épuisement professionnel. »

Ainsi, les problèmes de santé mentale des travailleurs seraient en grande partie imputables au fait que le monde du travail évolue parfois trop vite pour eux. Nouvelles technologies, mondialisation et exigences de compétitivité accrues, et ainsi de suite. Pour les employés, cela signifie souvent un alourdissement des tâches, des horaires prolongés, la nécessité de s’adapter constamment, etc. Si on ajoute à cela un manque de reconnaissance de la part des supérieurs, des relations difficiles avec les collègues, la crainte de perdre son emploi et quelquefois des difficultés personnelles ou familiales, on obtient un cocktail explosif!

Véritable problématique sociale, la maladie mentale est un défi qui se pose à toutes les entreprises actuellement. Nous devons donc agir pour protéger la santé psychologique de nos employés.

Que faire?
Je dirais qu’il faut en premier lieu être attentif aux signes, aux indices, aux symptômes qui se manifestent : l’absentéisme évidemment, mais aussi le désintérêt envers son travail, les troubles de comportement (violence), la toxicomanie et l’alcoolisme, etc. Ce sont des signaux d’alerte qui, si nous sommes vigilants, nous permettront d’identifier et d’évaluer les problèmes et les risques dans l’organisation.

Nous devons ensuite entreprendre une démarche planifiée et adaptée à notre entreprise, qui vise la prévention et, bien sûr, l’amélioration du milieu de vie des travailleurs. Car nos politiques et pratiques en matière de santé et de sécurité du travail doivent maintenant englober le bien-être des employés dans leur environnement professionnel. Pourquoi? Parce qu’on a réalisé qu’il y a un rapport étroit entre le stress et la santé physique et psychologique des travailleurs, entre leur mal-être et le rendement de l’organisation.

Il nous faut donc voir à la réduction des sources de stress et soutenir le mieux-être général des employés. Concrètement, cela peut signifier la mise en place d’horaires de travail flexibles – facilitant ainsi l’équilibre travail/vie –, l’implantation d’une politique de reconnaissance de la contribution de chacun, de prévention du harcèlement, l’instauration de processus participatifs, etc.

Et pourquoi ne pas implanter la norme « Entreprise en santé », une manière structurée de favoriser de saines habitudes de vie et de maintenir un milieu de travail propice à la santé? C’est un bon moyen pour impliquer à la fois la haute direction et l’ensemble du personnel dans un processus de valorisation du bien-être au travail.

Selon moi, une entreprise qui veille à ce que ses employés éprouvent de la satisfaction et du plaisir au travail, qui se préoccupe de leur qualité de vie et de leur bien-être stimulera leur motivation, bien sûr. D’ailleurs, les résultats de l’étude annuelle des Employeurs de choix au Canada menée en 2009 par Hewitt & Associés, à laquelle près de 200 000 employés canadiens ont participé, « démontrent que les employés mobilisés ressentent moins de stress lié à leur emploi, s’absentent moins et jouissent d’une meilleure santé globale ». Et la performance suivra…

Alain Desgagné, CRHA, président du conseil d’administration

Source : Effectif, volume 13, numéro 2, avril/mai 2010.


Alain Desgagné, CRHA