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L’art de se faire valoir sans donner l’impression de se vanter!

Simon est capable d’abattre un travail de titan. Toujours fidèle au poste, son dévouement est indéniable. Ses compétences sont quotidiennement sollicitées. Toutefois, il n’a reçu aucune promotion depuis des lustres ni aucune reconnaissance de la valeur ajoutée ou de la charge de travail abattue.

28 février 2013
Myriam Jezequel

Voilà qui en dit long sur la difficulté de Simon à se faire valoir au travail. Petit plan d’action et d’autopromotion pour travailleurs trop discrets sur leur valeur professionnelle.  

En temps de crise ou de croissance… sortir du lot
L’univers professionnel peut être impitoyable. Les plus compétents ne sont pas toujours ceux qui restent en place. L’employé modèle n’est pas souvent le mieux récompensé. Pour évoluer en entreprise, l’attitude exemplaire du bon élève est rarement une stratégie gagnante. Il faut savoir que performer, c’est bien. Mais le faire savoir, c’est encore mieux. À plus forte raison, en période de crise ou de croissance, mieux vaut être capable de faire son autopromotion.

Que l’on ne s’y méprenne pas : l’art de se faire valoir n’a rien à voir avec la vantardise. Il s’agit plutôt d’estimer à leur juste valeur ses qualités humaines et ses compétences professionnelles. Toutefois, adopter les règles du « je » en entreprise pourrait s’avérer improductif pour qui met les pieds dans le plat sans quelques précautions. Mieux vaut prendre quelques minutes pour examiner objectivement ses forces et ses atouts, de façon à tourner les projecteurs sur ce qui profite le mieux à l’organisation.

Donner des signes visibles de ses compétences
Mousser sa valeur professionnelle avec doigté et stratégie, cela s’apprend et se travaille. Cela commence bien souvent par la démonstration de quelques signes visibles de son professionnalisme. Ainsi, imaginons cette situation : notre Simon travaille depuis des mois sur un dossier crucial, mais son souci du détail lui fait perdre de vue l’échéance. Il peut être certain qu’on remarquera plus sûrement son défaut à respecter les délais que son désir de perfection.

Quels sont donc ces signes évidents de professionnalisme? Arriver à l’heure au travail ou à une réunion, tenir ses engagements (même verbaux), soigner ses présentations, assumer ses idées et ses décisions auprès des bonnes personnes, utiliser la première personne avec des verbes d’action quand on fait son autopromotion… Autant de petites actions concrètes qui pourraient rapporter gros tant elles participent à bâtir une image de sérieux professionnel. Certes, tout est une question de mesure : l’esprit de sérieux est d’autant plus apprécié qu’il s’accompagne de petits riens plaisants : un mot d’humour, un sourire bienveillant, un brin de connivence amicale, histoire de rendre l’atmosphère aussi agréable qu’efficace.

Être en phase avec les enjeux collectifs
Ceux qui sortent du lot savent souvent mieux que les autres se positionner au sein de l’entreprise. Ils n’ont pas leur pareil pour cibler les projets porteurs et identifier les enjeux stratégiques de l’entreprise. Leur objectif : participer activement en s’alignant sur les défis décisifs de l’entreprise. Leur habileté à anticiper l’avenir s’avère souvent payante quand elle s’accompagne d’une capacité réelle à prendre les devants. Par exemple, il peut être avantageux de proposer des solutions pour influer sur la notoriété ou la productivité de l’entreprise. Si ce pouvoir d’influence vient à manquer, il est possible d’améliorer son positionnement en aspirant à de nouvelles responsabilités. Dans un cas comme dans l’autre, il importe de garder en ligne de mire les objectifs les plus stratégiques. Plus les initiatives prises seront en phase avec les priorités de l’entreprise, mieux elles seront accueillies. Il y a de fortes chances que ce type d’implication ne passe pas inaperçu…

Sortir de sa réserve tranquille
Pour gagner en visibilité, il est bon de quitter son siège de spectateur et de prendre part aux discussions, en véritable acteur du débat. Une façon de se rendre visible, sans pour autant faire de l’ombre à ses collègues, consiste à apporter une pierre à la discussion plutôt qu’une opinion tranchée. On apporte un élément d’information qui contribue à la prise de décision. On présente une situation sous un autre angle. On suggère plutôt qu’on impose ses idées. On pose des questions sans exagération. Prendre la parole en réunion est un bon début pour se mettre de l’avant.

Si l’on s’en sent capable, on se porte volontaire pour des présentations internes ou externes. Non seulement on devient plus visible, mais on gagne en crédibilité. Et en passant, on laisse dans la penderie sa modestie légendaire et on prend le look adapté à son profil professionnel. Il n’y a pas de mal à mettre son expertise en avant quand cela profite à l’entreprise. Tout est une question de mesure : prendre sa place, ce n’est pas accaparer toute la place!

Rendre ses compétences utiles
Revenons à Simon… Son expertise est particulière au sein de l’entreprise, ce qui fait de lui un acteur incontournable. Alors, il doit mettre son expertise en valeur en faisant profiter les employés qui en ont besoin. Primo, ce sera bien utile pour se faire (re)connaître, nouer des liens, s’impliquer et se faire apprécier. Secundo, faire progresser son équipe l’aidera à progresser lui-même dans l’entreprise. Tertio, un retour d’ascenseur est toujours possible en temps voulu!

Pour rester au top de son expertise, on continue à se former et à promouvoir ses compétences acquises auprès de ceux qui les recherchent. Lorsque son champ de compétences ne se limite pas à la tâche attribuée, on gagne encore à le faire savoir. Une certaine polyvalence est un atout précieux en entreprise. D’ordinaire, ceux qui acceptent des missions plus vastes que leur seul champ d’expertise tirent mieux leur épingle du jeu. Agir avec assurance et réactivité contribue à forger une image de soi adaptable. Des erreurs à éviter : trop empiéter sur le territoire d’un autre ou parler de soi ostensiblement plutôt que de promouvoir ses idées.

Investir les territoires de réseautage
Selon une récente étude américaine, ce ne sont pas les plus intelligents qui obtiennent les meilleurs salaires, mais bien les plus populaires. Principale raison évoquée? Leur compétence sociale. Et si leur habileté à entrer en bonne relation avec les autres était la clé de leur progression professionnelle? De fait, nombre d’experts insistent sur l’importance de développer et d’entretenir ses réseaux professionnels.

Sans doute, le « savoir-réseauter » n’est pas la compétence la plus répandue. Dans ce domaine, les femmes seraient davantage perdantes, car sous-exposées et peu enclines à la visibilité. « Les femmes font trop bien leur boulot et ne passent pas assez de temps à le faire savoir », attaque d’emblée Véronique Préaux-Cobti, dirigeante du cabinet Diafora. « Pendant que les hommes consacrent deux à trois heures par jour à réseauter, elles restent enfermées dans leur bureau à fignoler un rapport… qu’elles oublient de signer », rapporte la journaliste Sylvie Laidet.

En ces temps de communications virtuelles, il faudrait préférer l’échange en tête à tête au courriel systématique. On demeurera plus longtemps dans l’esprit de son interlocuteur. Pour autant, on gagne aussi à ne pas négliger sa présence virtuelle dans les réseaux sociaux professionnels. Rien de tel pour garder un œil sur ce qui se dit, sur ce qui se passe, sur qui dit quoi… Sans oublier qu’une réputation professionnelle se fait – et se défait – aussi sur la toile. Passer plus de temps à se faire voir, c’est aussi se faire valoir!

Myriam Jézéquel, journaliste indépendante

Source : Effectif, volume 16, numéro 1, janvier/février/mars 2013.


Sources Internet


Myriam Jezequel Écrivaine, chroniqueuse et chercheuse