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On se calme!

Je stresse, tu stresses, nous stressons… et c’est toute l’entreprise qui en pâtit. Fléau des temps modernes, le stress entraîne de nombreux maux : épuisement professionnel, dépression, maladie, etc. En fait, un travailleur sur quatre subirait un stress quotidien au travail, selon Statistique Canada (2006). Comment rester zen?

25 février 2009
Myriam Jezequel

En se retenant de dire le fond de sa pensée à son patron qui, pour la cinquième fois, change d’idée sur la marche à suivre, en ne fulminant pas contre sa collègue qui multiplie les interruptions impromptues, en évitant l’hystérie quand les rapports sont toujours à remettre pour la veille. Eux-mêmes n’étant pas à l’abri du stress, les employeurs ont compris que le bien-être de l’employé fait le dynamisme de l’entreprise. Il n’est donc pas étonnant que les programmes de santé se retrouvent au cœur des plans d’affaires. Il s’agit de s’armer de quelques pratiques et de bons conseils pour minimiser les tensions.

Repérer les agents stressants
Les facteurs de stress sont multiples et variables. Selon une étude de Santé Canada, les trois quarts des travailleurs canadiens seraient stressés par leur milieu de travail en raison des exigences de l’emploi, des changements au travail, des méthodes de gestion, du manque de contrôle, des rapports interpersonnels, etc. Ainsi, Janine est troublée par les conditions physiques du travail : bruit excessif, espace encombré, utilisation d’appareils dangereux. Quant à Isabelle, le manque de reconnaissance et les rapports tendus au travail minent sa motivation et drainent toute son énergie. Pour sa part, Jacques souffre dans ses fonctions d’un stress relié à sa vie personnelle. Ses obligations familiales, telle la maladie d’un proche, ses soucis d’argent et son futur déménagement pèsent sur l’organisation de ses tâches et le rendent nerveux.

Si « l’enfer, c’est les autres », a dit Sartre, il faut convenir que la sensibilité d’un individu contribue aussi à lui saboter le moral. Pour déjouer ces agents agresseurs en action, il faut donc traiter le stress sur les plans à la fois organisationnel et personnel.

Cultiver des pensées positives…
Décompresser exige une discipline personnelle. Pour chasser ses idées noires, rien de tel que de classer ses affaires : établir des priorités, organiser son temps, fermer des dossiers. De nombreuses ressources livrent les secrets de l’anti-stress : livres, vidéos, CD, magazines, etc. La santé est autant physique que mentale. Ainsi, travailler dans la bonne humeur dégage des ondes positives. Exprimer des pensées constructives a un effet avéré sur ses collègues. Au besoin, écrit Josiane Vénard (1997), rire un moment repose l’esprit et allège le cœur. Oui, oui, c’est scientifiquement prouvé. Selon Norman Vincent Peale (2006), la pensée positive est d’ailleurs très tendance. On visualise le résultat positif d’un dossier et on ressent la satisfaction du travail bien fait. Une autre approche valorise la communication; au lieu de refouler ses émotions, il faut oser communiquer calmement (mais clairement) ses besoins pour déloger frustrations et envies de décrochage (Isé Denis, 2007). Aussi, il ne faut pas oublier de prendre congé de son travail à la fin de la journée et de lâcher prise le temps des vacances.

…et passer à l’action
Si les recettes de l’anti-stress ne suffisent pas, il faut passer à l’action. L’activité physique est un réel exutoire pour la fatigue et les contrariétés. S’il est difficile de danser dans son bureau, on peut penser à la salle d’entraînement la plus proche de son lieu de travail. D’ailleurs, certains bureaux offrent des salles d’exercice, des rabais pour le gym, le remboursement des frais d’entraînement ou des activités aérobiques en entreprise pendant l’heure du dîner ou après le travail. Pour promouvoir la santé, l’Agence de la santé publique du Canada présente des initiatives et des modèles d’entreprises canadiennes qui ont adopté des activités sportives, pour favoriser la vie active au travail. Au programme, des activités physiques, des incitatifs à marcher ou à utiliser les escaliers plutôt que les ascenseurs, des défis mise en forme, des prix d’encouragement, etc. Les employés qui participent volontairement à ces programmes et font des choix de vie sains et équilibrés sont récompensés. Au Québec, le Groupe de promotion pour la prévention en santé (gp2s) incite les entreprises, notamment par la certification à la norme Entreprise en santé, à intégrer dans leurs pratiques d’affaires des programmes de santé globale.

Le plan de détente au travail
Aux adeptes des méthodes douces, les entreprises offrent aussi des services de relaxation et de méditation : yoga, taï chi, sophrologie, respiration profonde et exercices d’étirement. Certains employeurs particulièrement soucieux du bien-être de leurs employés n’hésitent pas à faire venir au bureau des massothérapeutes spécialistes du massage de relaxation sur chaise ou sur table. Certains massages peuvent agir sur toutes les tensions musculaires et nerveuses. La sensibilisation au mieux-être, l’équilibre travail/vie et la prévention des troubles musculo-squelettiques) peuvent compléter le programme. En attendant, rien n’empêche de prendre une bonne respiration abdominale pour faire sortir le trop-plein!

La santé est dans l’assiette
La santé au travail passe aussi par l’assiette. Bien se nourrir au quotidien contribue à maintenir la personne en forme. Des diététistes nutritionnistes offrent des leçons aux travailleurs pour qu’ils acquièrent de saines habitudes alimentaires. Ils animent des ateliers d’équilibre alimentaire, élaborent des programmes de nutrition ou évaluent la qualité des plats. Ils peuvent aussi superviser la planification et la préparation de repas à grande échelle, dans les cafétérias d’entreprise.

Jeu vidéo pour stressés
Pour réduire le niveau de stress au travail, un nouveau jeu vidéo, MindHabits entraîne l’individu à se concentrer sur les éléments positifs de son environnement plutôt que sur des signaux négatifs ou alarmants. Le principe du jeu est de cliquer le plus rapidement possible sur des visages souriants parmi un ensemble de visages renfrognés. Des vendeurs d’une entreprise de télémarketing de Montréal qui se sont prêtés au jeu quinze minutes par jour pendant une semaine auraient gagné en estime de soi en plus de diminuer leur stress.

La panoplie de services de détente offerts à ceux qui sont en quête de mieux-être au travail n’a pas fini de surprendre. Toutefois, souligne l’Association canadienne pour la santé mentale dans sa brochure intitulée Le stress, « rappelez-vous qu’il est impossible d’avoir une vie sans aucun stress. Votre objectif devrait être d’éviter (…) un épuisement des réserves d’énergie ». Et surtout, la meilleure gestion du stress est encore la prévention!

Myriam Jézéquel, journaliste indépendante

Source : Effectif, volume 12, numéro 1, janvier/février/mars 2009.


Myriam Jezequel Écrivaine, chroniqueuse et chercheuse