ressources / sante-securite

Investir dans la santé des employés : un choix judicieux!

Plusieurs études affirment que la mauvaise santé des travailleurs, causée notamment par l’accroissement de la sédentarité et les maladies associées à celle-ci, engendre des coûts importants pour les entreprises.

24 avril 2017
Élodie Brunet, CRHA | Me Josiane L'heureux

Les coûts sont liés, entre autres :

  • à l’absentéisme;
  • à l’indemnisation des lésions professionnelles et à la prévention en santé et sécurité du travail;
  • aux pertes de productivité qui en découlent.

Beaucoup d’entreprises ont donc réfléchi à des pistes de solution pour tenter de remédier à la situation. Plusieurs d’entre elles ont adopté des programmes de santé comprenant l’installation de salles de conditionnement physique sur les lieux de travail. Cette solution, certes louable, comporte-t-elle des enjeux juridiques pour l’employeur?

Les enjeux liés à l’utilisation d’installations sportives sur les lieux de travail

Le principal enjeu auquel une entreprise risque de faire face lorsqu’elle met des installations sportives à la disposition de ses employés est le risque de responsabilité en cas d’accident.

La responsabilité de l’entreprise

L’entreprise doit agir avec prudence et diligence, en prenant toutes les précautions raisonnables afin de prévenir les accidents, puisque sa responsabilité pourrait être engagée s’il était démontré qu’il y a eu négligence ou faute de sa part.

À titre d’exemple, l’entreprise pourrait être tenue civilement responsable des blessures subies par un employé lors de l’utilisation de ses installations lorsque ces blessures découlent d’un défaut ou d’un mauvais entretien de celles-ci.

Voici des exemples de moyens raisonnables qu’une entreprise peut adopter afin de diminuer le risque que sa responsabilité civile soit engagée :

  • s’assurer que les installations sont sécuritaires et adéquatement entretenues;
  • fournir aux employés l’information pertinente concernant l’utilisation des installations;
  • exiger des employés qu’ils remplissent un questionnaire sur leur aptitude à l’activité physique.

Les risques qu’un événement survenu à l’occasion de l’utilisation des installations soit indemnisable par la CNESST S’il se blessait lors de l’utilisation des installations mises à sa disposition, un employé pourrait faire une réclamation auprès de la CNESST.

De manière générale, la jurisprudence reconnaît que l’activité exercée dans le cadre d’un privilège accordé par l’employeur est un acte personnel dont le travailleur accepte les risques et assume la responsabilité. Toutefois, certaines activités, en apparence d’ordre personnel, peuvent être reconnues à titre d’accident survenu à l’occasion du travail lorsque les circonstances permettent de conclure à une « connexité » entre l’activité en question et le travail ou encore à une « utilité relative à l’activité du travailleur en regard de l’accomplissement du travail ». Évidemment, chaque cas est un cas d’espèce qui devra être évalué selon ses faits particuliers.

Voici donc quelques recommandations pratiques qui permettront de limiter les risques :

  • il doit être clair que l’utilisation des installations sportives de l’employeur est volontaire, personnelle et non obligatoire;
  • aucune pression pour l’utilisation de ces installations ne devrait être exercée;
  • l’utilisation des installations par un employé lorsqu’il est rémunéré ou sous l’autorité de l’employeur doit être strictement interdite;
  • sous réserve de cas très particuliers, la bonne condition physique des travailleurs ne devrait pas être évaluée au moyen d’examens médicaux.

Détail important à considérer

Il y aurait lieu de déclarer l’aménagement d’installations sportives au sein de l’entreprise aux assureurs. Ceux-ci pourront évaluer les impacts d’une telle activité sur la couverture d’assurance et proposer les modifications qui s’imposeront, le cas échéant.


À propos des auteures

Me Josiane L’Heureux et Me Élodie Brunet, CRHA sont respectivement associée et avocate au sein du secteur droit du travail et de l’emploi du bureau de Montréal de Lavery Avocats. Elles conseillent une clientèle majoritairement composée d’employeurs relativement à divers enjeux juridiques liés au droit de l’emploi, des relations du travail et de la santé et sécurité du travail. Me L’Heureux peut être jointe par téléphone [514 877-2954] ou par courriel [jlheureux@lavery.ca]. Me Brunet peut être jointe par téléphone [514 878-5422] ou par courriel [ebrunet@lavery.ca].


Élodie Brunet, CRHA Avocate en droit de l'emploi Autorité des marchés financiers

Me Élodie Brunet, CRHA et avocate, est spécialisée en droit du travail et de l'emploi chez Lavery Avocats. Elle conseille une clientèle variée principalement composée d'employeurs concernant divers aspects du droit de l'emploi et des rapports collectifs de travail. Elle agit pour le compte d'employeurs devant les tribunaux administratifs et les tribunaux civils et conseille les employeurs dans le cadre de réclamations ou de démarches tant en matière de lésions professionnelles que de santé et sécurité du travail, incluant les dossiers d'inspection par la CNESST et de plaintes pénales qui peuvent y faire suite. Elle donne régulièrement des conférences et des formations.


Author
Me Josiane L'heureux Associée, Avocate Lavery, de Billy
Josiane L’Heureux est associée chez Lavery au bureau de Montréal et membre du groupe Droit du travail et de l’emploi. Elle œuvre pour le compte d’employeurs privés et publics provenant de secteurs variés tels que les secteurs pharmaceutique, manufacturier, minier, des télécommunications de même que le réseau de la santé et des services sociaux.

Me L’Heureux se démarque notamment par sa capacité à bien évaluer les enjeux souvent complexes liés au domaine des relations du travail et son approche concrète axée sur les besoins du client. Reconnue pour son expertise, elle est fréquemment sollicitée par la direction d’entreprises et institutions, tant fédérales que provinciales, afin de les conseiller en matière de contrats de travail ou terminaison de ceux-ci, accréditation, relations collectives de travail, en santé et sécurité au travail ainsi que les plaintes pénales afférentes, en droits de la personne, de même qu’en gestion de crise découlant de conflits de travail ou autres affrontements médiatisés.

Me L’Heureux représente régulièrement les intérêts des employeurs devant les tribunaux d’arbitrage, civils, administratifs et pénaux, et participe activement avec ceux-ci au développement de stratégies d’affaires globales, tout en favorisant une approche proactive et intégrée. Elle agit tant devant la Commission des relations du travail que devant le Conseil canadien des relations industrielles sur des questions touchant la sous-traitance, la compétence constitutionnelle des tribunaux, la négociation de mauvaise foi et des plaintes de pratiques déloyales. Elle agit notamment devant les tribunaux civils dans le cadre d’injonctions visant à assurer l’application de clauses de non-concurrence et de non-sollicitation en matière d’emploi.

Me L’Heureux a également prononcé de nombreuses conférences, dont plusieurs auprès de l’Association canadienne des avocats d’employeurs dont elle est membre et au sein de laquelle elle est activement impliquée. À titre de conférencière, elle est souvent invitée à faire état des dernières nouveautés en droit du travail. Elle est également professeure à l’École du Barreau de Montréal, où elle enseigne le droit du travail.

Me L’Heureux figure parmi le classement de The Canadian Legal LEXPERT® Directory 2017 en matière de santé et sécurité au travail.