Le Québec a désormais amorcé une relance progressive de l’économie. Avec diligence, les organisations planifient la reprise de leurs milieux de travail, ce qui constitue une tâche colossale. La mise en place de mesures pour protéger les employés et la clientèle, la réorganisation des opérations et la gestion de la main-d’œuvre figurent en haut de la liste des sujets à prendre en compte. Bien que ces éléments soient cruciaux, je voudrais souligner l’importance pour les employeurs d’accompagner avec ouverture et bienveillance les membres de leurs équipes dans ce retour au travail. Faisons honneur à la Semaine de la santé mentale qui se déroule présentement et assurons-nous de mettre la santé mentale des travailleurs au cœur de la planification de la reprise économique.
Depuis bientôt deux mois, nous sommes quotidiennement bombardés des risques reliés à la COVID-19. Les effets sont réels et importants sur la santé mentale de tous alors que cette crise entraîne un degré élevé d’inquiétude et d’anxiété dans la population. Bien que l’instauration du confinement ait été une épreuve aussi inédite que difficile, le déconfinement représente aussi tout un défi. À cet égard, la gestion du stress et de l’anxiété fait partie des principales préoccupations des professionnels RH quant à la reprise des activités. Car bien que la pandémie nous touche tous et qu’une forme de solidarité soit apparue à travers cette épreuve collective, il est encore difficile pour des employés de partager spontanément à leur employeur leurs préoccupations et leurs enjeux de santé mentale.
Au-delà de l’angoisse de retourner au travail et de potentiellement s’exposer à la COVID-19, d’autres facteurs entrent en jeu dans la santé mentale des Québécois. La pandémie a fragilisé la santé financière de milliers de personnes et familles au Québec, et malgré les programmes de soutien, ceci demeurera longtemps un fardeau bien réel pour certains travailleurs, malgré la reprise. Plusieurs personnes ont vécu des situations de grande solitude dans les dernières semaines, un isolement que la technologie n’a pas réussi à atténuer. Des tensions de couple ou de famille se sont exacerbées ou sont nées de cette cohabitation forcée. Des hommes et des femmes ont perdu leur père, leur mère, sans avoir le droit à ce dernier adieu en personne, les privant d’un moment essentiel à leur paix d’esprit et à leur deuil. Ce sont ces mêmes gens qui sont désormais appelés à retourner au travail.
Ainsi, il est primordial d’instaurer un climat d’ouverture, de transparence et d’empathie en ouvrant rapidement la discussion avec les travailleurs. Cette dernière devrait être une préoccupation constante des employeurs et entamée avant même le retour afin de cibler les principales préoccupations des employés et de s’ajuster en conséquence. Les organisations ayant un programme d’aide aux employés (PAE) devraient le mettre de l’avant et dans le cas contraire, prévoir des ressources qui pourront accompagner les travailleurs en ces temps propices à l’anxiété et au stress. Faisons preuve de compréhension et ajustons les attentes en fonction de la réalité et du degré de résilience de chacun.
Dirigeants et gestionnaires, je m’adresse maintenant personnellement à vous. La pression qui pèse sur vos épaules depuis le début de cette crise est certainement considérable. N’oubliez pas votre propre bien-être mental, et prenez également soin de vous.
Malgré ou justement à cause de la reprise, continuons d’être solidaires et attentifs au bien-être de tout un chacun durant cette période de turbulence. Ensemble, favorisons un retour au travail dans la sérénité.
Manon Poirier, CRHA Directrice générale Ordre des conseillers en ressources humaines agréés